Pour la première fois, le ministre de la Santé, Christian Dubé, reconnaît que le retour à l’équilibre budgétaire dans le réseau de la santé pourrait avoir une incidence sur les services aux patients.

Le ministre parle en regardant droit dans une caméra.

Le ministre Christian Dubé a reconnu pour la première fois que le retour à l’équilibre budgétaire pourrait affecter les services aux patients. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada

Écouter l’article

La version audio de cet article est générée par la synthèse vocale, une technologie basée sur l’intelligence artificielle.

Au mois de septembre, le sous-ministre à la Santé demandait aux PDG du réseau de la santé de lui remettre dans les meilleurs délais un « plan d’action chiffré pour redresser la situation financière (Nouvelle fenêtre) ».

Des mesures qui ne doivent pas avoir pour effet d’affecter les services, écrivait le sous-ministre Daniel Paré.

Il faut dire que le déficit estimé du réseau s’élevait déjà autour du milliard de dollars après six mois de l’exercice financier.

Or, à l’avant-veille de l’entrée en fonction de Santé Québec, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a reconnu vendredi qu’il pourrait y avoir une incidence sur les services à la population.

Je vous dis, avec toute la transparence, qu’en ce moment, on est en train de tout regarder pour être sûr qu’il va y avoir une rigueur budgétaire, puis qu’on va être capable de minimiser. Puis je le dis, là, le bon mot, c’est de minimiser l’impact sur les services.

Une citation deChristian Dubé, ministre de la Santé

Si on ne fait rien, [le déficit] pourrrait aller jusqu’à 1,5 milliard, a rappelé le ministre Dubé.

Ce dernier a déploré que les CISSS et les CIUSSS ne fournissent des résultats financiers qu’aux trois mois avec un mois de retardCe n’est pas de la rigueur budgétaire, ça.

Des répercussions dans le réseau

Les exemples faisant état de répercussions liées au retour à l’équilibre budgétaire en santé sont nombreux ces dernières semaines.

Au début du mois, plus de 40 postes d’infirmière et de préposés ont été supprimés au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Depuis quelques semaines, des établissements suspendent l’affichage de postes, que ce soit pour des infirmières, des préposés aux bénéficiaires ou des gestionnaires.

Plusieurs établissements retardent aussi des projets d’infrastructure. C’est le cas par exemple dans la Capitale-Nationale et au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

Dans les Laurentides, des élus locaux ont fait connaître leurs préoccupations à la suite d’une rencontre avec le CISSS.

Jouer l’horloge

Par ailleurs, le ministre de la Santé a donné le ton aux négociations avec les médecins pour le renouvellement des ententes de près de neuf milliards de dollars.

Pour la première fois, on veut reprendre le contrôle des enveloppes, a indiqué le ministre Dubé. On n’a rien à dire sur qui fait quoi avec cet argent-là. […] On a le contrôle sur 5 %; c’est ridicule.

Le ministre aimerait par exemple mieux rémunérer les médecins qui donnent des soins à domicile par rapport à ceux dans les groupes de médecine de famille (GMF). Avec le vieillissement de la population, il s’agit d’un service de plus en plus réclamé.

Le ministre a reproché aux syndicats de médecins de jouer l’horloge, une analogie sportive. Les fédérations syndicales […] ont beaucoup de résistance au changement aux tables de négociations.

Appelé à réagir, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Vincent Oliva, a publié sur le réseau X une photo de lui en salle d’opération au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) en ajoutant : On n’a pas le temps de répondre aux propos du ministre de la Santé; on a plus important à faire.

À la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), on énumère une succession d’idées discutables lancées par Québec ces derniers mois, soit la fin abrupte du Guichet d’accès à la première ligne, la réattribution des médecins de famille des patients dits ”en santé” à des patients plus vulnérables selon des critères gouvernementaux et la proposition de baisser la rémunération des consultations en télémédecine.

Les médecins de famille du Québec continueront de défendre sans relâche leurs patients et leurs droits d’accès à des services médicaux de qualité, et dénonceront haut et fort tout ce qui se révèle sur le fond, comme des tentatives de coupes dans les services directs aux patients, ajoute-t-on.

SOURCE: Coupes en santé : Dubé reconnaît qu’il pourrait y avoir des impacts sur les services | Radio-Canada

AQDR