Marie-Eve Cousineau

Marie-Eve CousineauLa Presse
Fanny Lévesque

Fanny LévesqueLa Presse

1. Grosse fusion

À partir du 1er décembre, tous les établissements de santé seront intégrés à Santé Québec, sauf quatre qui desservent des communautés nordiques et autochtones. Ces derniers demeureront indépendants, mais collaboreront avec Santé Québec. La trentaine d’établissements chapeautés par l’agence continueront d’être dirigés par un PDG, mais celui-ci relèvera de Santé Québec, responsable des opérations du réseau. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) déterminera les orientations. Les CIUSSS et CISSS changeront-ils d’appellation ? Pas à « court terme », répond l’agence. Lors de la présentation du projet de loi, on citait en exemple le CIUSSS de l’Estrie qui deviendrait Santé Québec–Estrie.

2. Un seul employeur

Santé Québec devient l’employeur unique d’un peu plus de 330 000 employés du réseau. Mais les travailleurs ne verront pas le nom de l’agence sur leur prochain relevé de paye. Celui de leur établissement demeurera « pour l’instant », indique-t-on. Les 1300 travailleurs en « double emploi », eux, n’ont plus à choisir entre leurs deux postes d’ici le 1er décembre. Santé Québec prolonge leur période de transition d’un an. Qui dit employeur unique dit « ancienneté réseau ». La date exacte de son entrée en vigueur reste à déterminer. La fusion des accréditations syndicales doit avoir lieu avant, selon les syndicats consultés.

3. Améliorer l’accès aux soins

Santé Québec a pour priorité d’améliorer l’accès à la première ligne et aux interventions chirurgicales. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, lui demande d’atteindre d’ici « quelques mois » la cible de 2500 patients en attente d’une opération depuis plus d’un an – cible initialement fixée au 31 décembre. Pour y arriver, l’agence déploie une équipe d’experts en chirurgie afin qu’elle implante les « meilleures pratiques » dans les hôpitaux. Santé Québec rédige aussi un règlement afin que les patients puissent se faire rembourser une opération au privé après un délai d’attente jugé déraisonnable au public.

Plus de 160 000 Québécois en attente d’une intervention chirurgicale

Près de 11 000 attendent depuis plus d’un an.

Source : ministère de la Santé et des Services sociaux

4. Économiser 1,5 milliard

L’équipe de direction de Santé Québec amorce son mandat avec un défi de taille : éliminer 1,5 milliard de dépenses. Il s’agit du déficit projeté des établissements de santé pour 2024-2025. « On ne peut pas continuer à toujours dépenser », a fait valoir à La Presse Geneviève Biron, en octobre. Vendredi, Christian Dubé a reconnu du bout des lèvres que cela aura un impact sur les services, mais qu’il faudra le « minimiser ». La société d’État veut forcer les établissements à renouer avec l’équilibre budgétaire. Une commande qui pèse lourd dans le contexte de ce vaste changement de structure. Des CISSS et CIUSSS ont commencé à suivre ce régime minceur : des affichages de poste ont été suspendus, des projets d’infrastructure révisés, notamment.

5. Fonctionnaires mutés

Quelque 900 fonctionnaires du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) migreront vers la société d’État en « adéquation avec les activités qui seront désormais sous sa responsabilité ». Ces postes ne seront pas remplacés au MSSS, confirme-t-on. Une première vague de mutations a eu lieu en juin et la seconde devait survenir en septembre. Or, cela aura lieu plutôt en janvier. Environ 600 employés sont déjà « prêtés » à Santé Québec. Un employé peut accepter ou refuser une mutation et conserve un droit de retour unique (une seule fois) valide à vie.

Personnel actuel de l’agence

  • 90 employés, dont 70 cadres
  • 600 employés prêtés par le ministère de la Santé et des Services sociaux

Source : Santé Québec

6. Un système administratif commun

Des centaines de systèmes administratifs existent dans le réseau public de santé, chaque établissement ayant les siens. Selon Santé Québec, aucune fusion n’est prévue en date du 1er décembre. Mais un projet est en cours : le système d’information des finances, de l’approvisionnement et des ressources humaines (SIFARH), qui permettra notamment de confectionner les horaires des employés. Son déploiement, d’abord prévu pour mai 2026, a été reporté deux ans plus tard. Son coût ? Environ 430 millions de dollars, soit 228 millions de plus que prévu.

Santé Québec compte 200 fournisseurs en date du 1er décembre. Des milliers d’autres pourraient s’ajouter.

Source : Santé Québec

7. La « marque »

Santé Québec fait appel à l’agence de marketing LG2 pour l’« élaboration des fondements stratégiques de [sa] marque », indique un avis de contrat de gré à gré (d’une valeur de 103 000 $) publié en novembre dans le système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec. Santé Québec explique que LG2 l’« accompagne dans sa réflexion quant à son positionnement en lien avec les communications et son identité comme nouvelle société d’État ». « Aucune campagne spécifique de notoriété n’est prévue à ce moment-ci », affirme l’agence. Pas question de changer, à court terme, les affiches et la papeterie du réseau, ajoute-t-on.

8. Un commissaire national aux plaintes

Santé Québec prévoit la création d’un commissaire national aux plaintes et à la qualité des services, qui sera nommé par le Conseil des ministres et fera rapport à l’Assemblée nationale annuellement. Christian Dubé souhaite qu’il soit nommé « le plus rapidement possible ». Un comité national des usagers sera aussi mis en place. Il pourra formuler à Santé Québec des recommandations pour « améliorer l’accès aux services, leur qualité et les conditions de vie des usagers ». Quant aux conseils d’administration des établissements, ils deviendront des conseils d’administration d’établissement. Leurs membres seront nommés par Santé Québec.