De l’inquiétude pour nos Juliette, Rose et Léon…
Avec les propriétaires des petites résidences pour personnes âgées, l’AQDR des Chenaux et le comité Milieu de Vie, dernièrement, nous avons rencontré le député du comté de Champlain Pierre-Michel Auger. Nous avons confié nos inquiétudes au représentant du gouvernement qui nous a écoutés avec beaucoup de respect, d’attention et de compréhension. Il est parti avec nos inquiétudes…
Nous avons discuté franchement avec l’appui de la représentante de l’AQDR Des Chenaux, madame Gilberte Faucher et celle de l’AQDR nationale, madame Mariette Dumont ainsi que du préfet adjoint de la MRC Des Chenaux, le maire de Saint-Narcisse, Guy Veillette. Ce que nous avons dénoncé c’est qu’on ne peut pas nous comparer aux grandes résidences SOLEIL ou autres grands manoirs du genre pour personnes âgées en voulant nous soumettre aux mêmes règlements de certification. NOUS, on veut poursuivre notre mission. Avec les règles du gros bon sens. Être des aidants naturels pour eux. Nous sommes des petits milieux de vie. Des résidences qui comptent entre 10 et 23 retraités autonomes et en légère perte d’autonomie. Nous ne sommes pas équipés pour soigner en grand. Nous voulons juste offrir « des petits soins. » Souffler sur les bobos des fois. Écouter. AIDER. Servir. Nous ne sommes pas contre la certification. Pas contre toutes les formations qu’il faut pour répondre aux urgences. Pas contre les règles primordiales et humaines. Nous ne sommes pas contre ce que nous souhaiterions pour nous-même.
Nous sommes convaincus qu’on peut accompagner nos résidents, vos papas , vos mamans, vos grands parents…très longtemps pour les garder le plus longtemps possible en sécurité, avec nous dans leur petit village. Tant qu’on pourra éloigner leur entrée dans un CHSLD. On le fera. Non pas parce que nous n’avons pas confiance à l’institution. Mais pour les garder le plus longtemps dans un milieu de vie normale, familiale et naturel. Comme s’ils étaient dans leur maison. Désengorgeant ainsi le système.
Mais. MAIS encore
Nous dire que la cuisinière qui aide Juliette à ouvrir son pilulier est un acte médical maintenant…
Nous dire que séparer le morceau de viande de Rose aux doigts atrophiés par l’arthrite voudrait dire que je lui donne un soin.
Nous dire qu’il faudra faire appel à quelqu’un pour déposer les gouttes dans les yeux d’Armande…est interdit si vous n’avez pas accumulé 5000 heures de travail en 4 ans.
Nous dire qu’aider Léon à changer sa culotte d’incontinence fait partie maintenant de la formation de 75 heures… Obligatoires. Alors que tous nos employés ont déjà reçu les services d’une infirmière de notre CLSC local pour apprendre tout cela.
Nous dire. Et nous dire encore…
Qu’il faudra des mitigeurs d’eau dans nos douches alors que nos résidents moins autonomes reçoivent l’aide de préposés compétents de notre CLSC pour accompagner le résident dans sa toilette.
Nous dire. Nous dire encore…Comme si nous étions 600 résidents…avec la pharmacie, l’allée de quilles, le resto et le cinéma! Alouette!!!
« Quand je serai vieux…
S’il m’arrivait d’avoir une faiblesse en me levant de mon fauteuil, et que je tombe à cul plate sur le plancher…
Oubliez le règlement puis aidez-moi! Vous saurez comment me relever. Ça vous le saurez.
Et si jamais mon coccyx est fêlé, ce n’est pas parce que tu m’auras aidé. C’est parce que trop fragile, cette fois, j’aurai tombé.
Et ça peut arriver que je tombe…
Ça peut arriver un accident…
Ça peut arriver que je pleure…
Ça peut arriver que je répète…
Ou que je te demande de chanter toujours ma chanson préférée..
Ça peut arriver que je te demande de m’aider à ouvrir Ma presse électronique sur ma tablette Ça peut arriver que je demande ton aide pour marcher ou démêler ma maudite manette de télé.
Je le sais que ça vaut quelque chose quand on se connait. Quand on est plus proche. Quand on dort et on rêve dans la même maison.
Mais dans ta maison naturelle, avec mes vieux amis, garde moi un petit peu encore…
Tant que tu pourras m’AIDER naturellement…
Je préférerai tes gestes aimants à tous tes règlements… »
Ce n’est pas de la fiction que je raconte.
C’est cette réalité que nous avons livré avec confiance, à notre représentant politique.
ET ce n’est pas d’être aidé que nous voulions tant. Mais…
ETRE COMPRIS
Persévérants nous le serons…
Pour le moment.
Daniel Brouillette
Claire Bédard
La Villa Saint-Narcisse, en Mauricie